Bonjour,
quelques remarques en plus de ce qui a déjà été fort judicieusement indiqué !
a) 100 kW c'est déjà un beau moulin ! La plupart tournent autour de 10 kW électriques, quelques uns à 50 kW, rarement à plus. S'il y a d'autres moulins à proximité, vous pouvez comparer les puissances si les débits dérivés et les chutes sont semblables.
b) Pour l'auto entrepreneur, il y a un guide assez complet et clair ici :
http://www.lautoentrepreneur.fr/images/3_Guide.pdf. A mon avis, ce statut n'est pas adapté dans votre cas. Il est attractif pour sa simplicité et le peu de frais au début, mais vous aurez de toutes façons beaucoup de dépenses avec cette restauration, choisissez le statut qui ira bien pour la suite !
J'ai regardé par curiosité les différentes entreprises du secteur 3511Z (production d'électricité) de mon département sur
http://www.societe.com/ et j'ai trouvé, sur une soixantaine d'entreprises:
- - 6 affaires personnelles de commerçant
- - 3 sociétés par actions simplifiées (capital 30k€ à 1 M€, CA 40k€ à 100k€)
- - 1 affaire personnelle en profession libérale
- - 2 sociétés en nom collectif (capital 8k€ CA 70k€)
- - 4 sarl uni personnelle (capital 500€ à 40k€)
- - 40 sarl (capital 100€ à 100k€, chiffre d'affaires 5k€ à 1M€)
Pas d'auto entrepreneurs, mais c'est normal, ils ne sont pas répertoriés parmi les sociétés, et je ne crois pas s'il existe un fichier officiel public des auto entrepreneurs sur Internet.
c) Vous pouvez créer une Entreprise Individuelle ou une SARL et rester salariés.
d) Patrimoine : La SARL peut être intéressante au niveau de la transmission de patrimoine, pour un couple avec des enfants: vous créez une SARL entre les parents et les enfants. Par ex. avec 3 enfants, chacun a 25 % de parts, chaque parent 12,5%. Fiscalement, les parts des enfants mineurs s'ajoutent aux parts des parents et fusionnent, l'un des parents peut donc devenir gérant majoritaire de fait. Lors de la constitution, vos enfants sont majoritaires de pas grand chose, c'est à dire qu'ils ne paient rien. Progressivement, votre moulin s'autofinance et prend de la valeur, et le jour où vous arrêtez, vous transmettez quasiment sans droits à vos enfants, puisqu'ils sont déjà propriétaires de 75% dans le cas ci-dessus.
e) Si votre SARL ne distribue pas de bénéfices aux associés, ceux-ci ne paieront aucun impôt.
f) Fonctionnement : pas mal de choix à faire, avec des répercussions importantes :
- - L'un des associés peut être gérant majoritaire, ou gérant minoritaire.
- - La SARL peut avoir des salariés, ou pas de salariés.
- - Le régime de TVA peut être simplifié, ou réel normal
- - L'impôt sur les sociétés peut être réel normal, ou réel simplifié
Le gérant majoritaire cotise au régime RSI (maladie, retraite, cotisation forfaitaire d'environ 350 € /mois la première année), même s'il est salarié par ailleurs et qu'il cotise déjà en temps que tel !
g) Pour l'acte notarié, vous pouvez éventuellement signer une promesse de vente comportant une clause de réserve au cas où vous n'obtiendriez-pas le droit d'exploiter la centrale, sous tel délai. Il faut que votre vendeur soit d'accord : en principe le vendeur connait son installation, s'il est sûr qu'il est possible de l'exploiter, il ne devrait pas s'y opposer. Personnellement, je vous déconseille d'acheter si vous n'êtes pas certain de pouvoir exploiter le site : voyez les anciens documents du vendeur, et faites le point avec la DDEA.
h) Financement : la SARL obtient un prêt pour l'achat et la rénovation du moulin (bon courage pour l'obtention du prêt !), éventuellement avec report des remboursements, et c'est elle qui est propriétaire du moulin. La banque vous demandera sûrement une caution personnelle + une hypothèque sur un autre bien foncier propre... Si vous avez les liquidités, pas de prêt, et vous faites un apport en compte courant sur un compte d'associé de la SARL. La SARL achète le moulin et finance les travaux, au passage, vous récupérez la TVA sur vos dépenses. Le compte courant d'associé peut être rémunéré au taux légal de 4 ou 5 %, je ne sais plus, mais c'est autre chose qu'un livret A. Les mois passent, parfois les années ... Quand ça commencera à tourner, la SARL encaissera les revenus de vente de courant, et remboursera son prêt, ou vous remboursera progressivement votre apport en compte courant (auquel cas ce n'est pas un salaire : pas de charges, ni cotisations, ce n'est pas non plus une distribution de bénéfice, donc pas d'impôt).
i) Exonérations : selon les régions, départements, villes, etc, s'agissant de produire une énergie renouvelable, vous pouvez être dans la « liste des zones concernées par l’objectif N° 2 des fonds structurels » du Bulletin Officiel des Impôts 5B-14-06 (zones d'aide à la finalité régionnale ZAFR, zone de revitalisation rurale), et bénéficier d'une exonération de divers impôts, dont la taxe foncière et l'impôt sur les bénéfices. Attention, il faut faire une demande au fisc avant la création de l'entreprise.
j) Gestion de la SARL : il est fortement conseillé de confier la comptabilité à un centre de gestion agréé local (environ 120 Euro / mois) du moins les premières années, et avec tous les travaux : ceci vous simplifie la vie car c'est un domaine assez compliqué et pénible, et cela est beaucoup plus crédible au niveau du centre des impôts. Les années suivantes, vous pouvez travailler avec un site de comptabilité en ligne (moins coûteux).
k) Assurance : il y en a plusieurs :
- - l'assurance Responsabilité Civile est obligatoire, elle concerne les dommages que vous pouvez causer aux autres : inondations des voisins, chute d'une tuile sur le facteur, gamin-qui-tombe-dans-le-canal-et-qui-n'avait-rien-à-faire-là-mais-les-ennuis-arrivent-heureusement-il-est-indemne, etc...
- - l'assurance pour vos bâtiments et le matériel (incendie, inondation, ) est fortement conseillée
- - l'assurance perte d'exploitation (versement d'un revenu mensuel en cas d'arrêt de votre installation) est facultative
l) Tout ce Binz est plus lourd à porter que le régime de l'autoentrepreneur tant qu'il n'y a pas de revenus, mais sur le long terme, avec les revenus d'une micro centrale de 100 kW (et peut être ensuite d'une 2ème...), c'est largement préférable. Vous pourrez déduire toutes vos charges : les déplacements en voiture pour aller voir votre centrale, les achats d'outillage, de fournitures, d'informatique ou autre dans le cadre de l'entreprise, le téléphone, les travaux de rénovation, les repas avec associés (famille !), etc... Alors qu'en autoentrepreneur, vous devrez reverser systématiquement un pourcentage de votre chiffre d'affaire (et non pas des bénéfices).
m) Pour ce qui est du droit d'eau, demandez un rendez-vous au responsable de ces problèmes à la DDEA de votre département (renseignements en Préfecture) : normalement, il doit vous recevoir, vous indiquer les démarches à effectuer, les documents qu'il attend de vous, et il vous donnera éventuellement des informations sur votre moulin. Personnellement, je n'ai pas l'impression qu'il y a un barrage systématique de l'administration vis à vis des petites centrales hydroélectriques. Je pense plutôt qu'il y a une abondance de textes législatifs, et que les nouveaux textes présentés comme étant favorables aux énergies renouvelables sont en fait plus durs et restrictifs que les anciens (mais ça c'est le double langage politique habituel...), et qu'il y a en France une volonté politique de centraliser et garder sous contrôle la production d'énergie (nucléaire, grandes centrales hydrauliques, grands parcs éoliens, etc...), au détriment des initiatives personnelles ou de petites sociétés. Les fonctionnaires des administrations sont là pour faire respecter ces textes, la loi est contraignante, mais par contre si vous êtes en conformité, elle est de votre coté !
Meilleure salutations !
dB-)
PS : pour voir le cheminement des paperasses à faire pour l'obtention du droit d'eau, certificat Didème, Drire, contrats ERDF, EDF, etc, cliquez sur l'image ci-dessous ! (Bon, blague à part, j'essaierai un jour de faire un résumé clair, à moins qu'un autre membre du forum publie ça ?)