MHEC a écrit :
Donc, si vous voulez tout casser, vous montez à Bruxelles, vous prenez les parlementaires un par un afin qu'ils changent d'avis surtout les Ecolos qui siègent également à ce parlement et OUI, c'est bien là le paradoxe!!! c'est bien les écolos qui ont voté ces lois absurdes !!!
Paul, tu me permettras d'être en désaccord – pas sur la nécessité de calmer notre ami KW12
mais sur cette interprétation.
La France prétend
mensongèrement que c'est la Directive cadre européenne sur l'eau 2000 qui l'oblige à détruire les seuils. C'est
faux.
- La bonne morphologie des cours d'eau est éventuellement considérée comme une condition de leur "très bon état" écologique (donc en quelque sorte une option de luxe), mais le "bon état" (objectif officiel de l'UE) renvoie avant tout à des pollutions chimiques et physicochimiques. Ceux-là même que la France mesure mal et combat peu. Obsession de la morphologie > choix franco-français, cadeau aux pollueurs.
- L'Union européenne laissait aux Etats-membres le libre de choix de déclarer une rivière comme "naturelle" ou comme "anthropisée". Les Agences de l'eau et la Direction de l'eau et de la biodiversité du Ministère de l'Ecologie ont choisi de classer près de 90% des rivières françaises comme "naturelles" ce qui automatiquement a créé des exigences beaucoup plus élevées. L'Allemagne n'a pas été aussi stupide (ou idéologue) que nous! Obsession de la renaturation > choix franco-français, cadeau aux intégristes de l'écologie.
Le principe de la DCE 2000 est "one out, all out", c'est-à-dire que si un seul de la centaine de critères n'est pas bon, la rivière est déclassée. Elle peut être impeccable, mais avec un peu trop de nitrate ou de phosphate ou de mercure > mauvais état en raison du seul critère défaillant. Or, chacun sait que la majorité des rivières françaises sont plombées à cause d'un facteur chimique. Donc la suppression des seuils comme condition du bon état DCE, c'est du pipeau. Mais cela permet de dire que le cours d'eau "s'auto-épure" mal (la grosse blague) tant qu'il reste un seuil.
Soyons clair, la situation déplorable des seuils ne doit quasiment rien à l'Europe, elle doit quasiment tout au jeu des lobbies et des bureaucraties qui font la pluie la pluie et le beau temps à la DEB du Ministère de l'écologie. Entre la LEMA 2006 et le Grenelle 2009, les seuils ont été choisis comme boucs émissaires parce que cela arrangeait les agriculteurs, les industriels, les collectivités en retard sur l'assainissement, les extrémistes de FNE et autres officines ultra de l'écologie, l'ancien CSP, la FAAPPMA et le lobby pêcheur, le lobby kayakiste, etc.
Mais avant tout, cela arrangeait les Agences de l'eau qui vont fêter leurs 50 ans en 2014 et qui n'ont absolument pas empêché la pollution des rivières pendant toute leur existence, malgré les dizaines de milliards de taxes qu'elles ont brassés ! Alors pensez donc, sortir du chapeau que finalement, les rivières sont dégradées par les seuils, avec 3 justifications pseudo-scientifiques, c'est LA solution pour échapper à ses responsabilités face à l'échec. Quand on s'apercevra dans 20 ans que cela ne change rien de détruire les seuils à la pelleteuse, tout le monde aura oublié, les gratte-papiers responsables de cette absurdité seront à la retraite et on aura sorti un autre lapin du chapeau.
Quant aux politiques, ils votent des centaines de loi par an, cela fait longtemps qu'ils ne les lisent ni ne les comprennent plus. (Les écolos ne sont pas les plus "légers" de ce point de vue, loin de là, ils ont plutôt tendance à bosser leurs dossiers pour ce que je vois chez moi). Vous parlez avec un élu des conséquences de la LEMA pour les seuils et barrages, ou bien de quelques unes des absurdités citées ci-dessus, il tombe des nues.
Le double langage et la mauvaise foi de l'Etat français crèvent les yeux. A ND des Landes on pourrit des zones humides : pas grave, l'Etat est d'accord. Au Tescou (Tarn), on autorise un barrage d'irrigation sur une zone ayant 95 espèces protégées : pas grave, l'Etat est d'accord. A côté de cela, vous recevez sur un moulin tricentenaire à seuil de 1,5 m la visite d'une délégation DDT-ONEMA-Syndicat-Agence de l'eau vous expliquant avec l'air catastrophé que votre ouvrage est une monstruosité environnementale déréglant tout le bassin versant...
Je suis bien d'accord qu'il faut se calmer... mais c'est quand même dur !! Cela dit, il ne sert à rien de s'énerver ni de menacer. Il faut étudier en détail les textes, construire des argumentaires, faire des recours au préfet, porter plainte devant les tribunaux, publier des tribunes libres dans les médias, bloquer de temps en temps une matinée la préfecture, rencontrer les élus, aller aux commissions locales de l'eau et aux comités de bassin, participer aux enquêtes publiques des SAGE, faire pression sur les fédérations et syndicats pour des actions plus offensives au niveau national... bref, s'organiser.