Bonjour,
le boîtard, au niveau du plafond des anciennes turbines à axe vertical, comportait 3 ou 4 cales de bois et était lubrifié et refroidi essentiellement par l'eau. Parfois, il y avait en plus une conduite de graissage, qui partait d'un gros graisseur manuel à vis au niveau supérieur, et débouchait juste devant une des cales, à l'endroit du frottement sur l'arbre.
Graisseur à vis.JPG
Sur la dizaine de très anciennes turbines que j'ai ouvertes jusqu'à maintenant, Il n'y avait aucune filasse ni autre matériau pour stocker de la graisse autour des cales bois, et il n'y a d'ailleurs pas toujours de place pour ça au niveau du moulage du boitard. A l'origine, avec un arbre bien lisse, ça tournait parfaitement même sans graisse : juste un 1/4 de tour de vis sur le graisseur de temps en temps, pour se donner bonne conscience, mais je pense que l'essentiel de la graisse partait dans la rivière (*), sans servir à grand chose.
(*) c'était donc fin 1800 début 1900, et je pense qu'on utilisait probablement du suif ou du saindoux, qui sont des graisses naturelles. Les quantités perdues dans la rivière devaient être de l'ordre de quelques cm3 par jour, et étaient probablement comestibles pour les poissons, de même que les déchets de farine (peu de pesticides à l'époque ...).
De plus :
- le pivot de suspension (crapaudine) est à l'étage au dessus
- l'arbre vertical mesure souvent au moins 2 ou 3 m
- la roue et l'arbre pèsent environ 2 à 5 tonnes
- autant dire que l'ensemble pend bien verticalement
- ajoutons une distribution symétrique de l'eau
- et on obtient que la roue a tendance à rester naturellement centrée
- le guidage au niveau du plafond n'a donc la plupart du temps pas beaucoup de travail
Maintenant, quand on remet en service une très ancienne turbine, qui n'a pas tourné depuis des dizaines d'années, l'arbre est souvent rouillé, piqué, et creusé au niveau de ce palier. A apprécier au cas par cas, il n'y a en principe pas de problème au niveau solidité. Au niveau frottement, il faut au moins toiler l'arbre à cet endroit, pour enlever les aspérités qui useraient rapidement les cales de bois. S'il reste par endroits de légers creux (quelques mm de diamètre, quelques dixièmes de mm de profondeur), ce n'est pas gênant. Si l'on veut améliorer cela, on peut après décapage utiliser une résine (genre métal synthétique) pour combler les petits creux, puis lisser tout ça avec une cale à poncer qui prendra appui sur une grande largeur. Les perfectionnistes peuvent aussi baguer l'arbre, avec 2 demi coques fines soudées sur place : voir le site
http://www.frenchriverland.com où ils ont fait ça sur une vieille turbine.
Pour le dossier :
Attention Eric, ce que je t'avais envoyé était juste un exemple de dossier de
déclaration de travaux :
- donc à envoyer préalablement à la réalisation de travaux en rivière (mais je crois que tu avais déjà commencé les travaux ...)
- un modèle de rédaction de ce dossier m'avait été proposé par mon interlocuteur à la DDT
- j'avais discuté avec lui des principales rubriques à compléter
- ce dossier avait été accepté dans mon cas (et je n'ai réalisé les travaux qu'après ...)
- mais c'était il y a quelques années, et dans le 88 : les textes changent, les interlocuteurs aussi
Je ne vois pas trop ce que sont ces demandes de détails sur ta centrale, sur le débit réservé, ou le fonctionnement de la passe à poissons, dans un simple dossier de déclaration de travaux : attention à cet amalgame, et à ne pas raconter par écrit des choses qui pourraient ensuite se retourner contre toi. Il faudrait solliciter un entretien avec ton interlocuteur à la DDT, mettre à plat
verbalement les différents problèmes, demander à consulter les documents qu'ils ont sur ton moulin (*), voir l'état d'esprit des différents intervenants. En cas de mauvaise volonté, se rapprocher d'une association de moulins locale, ou d'un bureau d'études, ou éventuellement présenter le problème ici (à apprécier ...)
(*)
question aux fins juristes: il me semblerait normal que le propriétaire d'un moulin puisse avoir accès aux différents documents détenus par la DDT sur son moulin : droit d'eau, profils en long, échanges de courriers, procès verbaux, etc... : est-ce le cas ? Y a-t-il une procédure à suivre pour accéder à ces documents (lettre sympa, mais RAR, etc ...)
En fait, je crois que tu es en train de parler d'un autre sujet que les travaux en rivière, c'est celui de la vente de courant : là il faut fouiller sur le forum, les démarches sont indiquées (je ne sais plus où).
Pour le vieillissement du génie civil, pas mal de problèmes possibles :
- dalles trop fines : j'en ai une chez moi qui doit bien mesurer 4 m * 4 m sur 5 cm d'épaisseur seulement..., posée sur de faux IPN en béton moulé !
- mauvais dosage ou mauvaise qualité du béton, qui devient friable et se désagrège
- fers à béton trop proches de la surface : variations de température, dilatations, fissures du béton, oxydation et éclatement par la rouille qui gonfle
- vannes laissées fermées, ou grilles colmatées pendant des années, avec une chambre d'eau vide (évacuation ouverte) : l'eau s'infiltre tout autour de la chambre d'eau, et fini par pousser les murs !
La surface supérieure de la dalle est souvent impeccable, mais il faut examiner le dessous ! Evidemment dans une eau trouble, sans aucune lumière, avec des morceaux de ferrailles ou des bouteilles cassées à droite à gauche, ...
Il a réussi à passer à travers la grille !.JPG
Reste la vidange, avec les batardeaux amont et aval, les big bags, pompe, le tuyau de déviation pour le maintien d'un débit, etc ... la routine ...
dB-)