Bonjour,
Quelques remarques.
- les agriculteurs ont les moyens (et l'habitude) de se faire entendre, avec une base sociale qui peut sans problème défoncer une préfecture ou bloquer une ville. (Il existe aussi de la part des institutions une sorte de tolérance tacite à la violence dans ce cas précis, je ne connais pas beaucoup d'autres manifestations où il n'y aurait pas poursuites pénales pour voie de fait et dégradation de bien public!). Ce n'est pas le cas des propriétaires d'ouvrages hydrauliques, population assez hétérogène, plutôt tranquille, n'ayant pas l'habitude de jouer au tracteur-bélier
- comme l'observe dB), le malheur des uns fera le bonheur des autres : ce que les agris gagnent en tranquillité vis-à-vis de l'ONEMA sera subi par les autres usagers de l'eau. C'était d'ailleurs un problème pointé par la Cour des Comptes dans son rapport de février 2013 sur l'ONEMA : 100% de contrôle sur les seuils en rivière, 2% sur les installation polluantes. On comprend pourquoi... Du même coup, la plupart des rivières, parfois des nappes, sont polluées.
- la profession agricole n'est pas une sinécure. Pour les petits, c'est une vocation : beaucoup de travail et de souci, peu de revenu. Pour les gros, c'est très normé et subventionné, c'est devenu une industrie où l'on n'est plus travailleur de la terre, mais gestionnaire d'un espace de production totalement artificialisé. Le niveau des normes tend à être plus exigeant que le grand n'importe-quoi des années 1960-1980. Mais le négoce du grain et de la viande est un marché mondialisé hyper compétitif, la course à la productivité fait adopter n'importe quelle innovation et régulièrement, on s'avise des effets secondaires néfastes des milliers de substances autorisées.
- les agris sont très mobilisés sur ces questions. Ici, on avait fait observer dans le journal local que les rivières doivent déjà être en bon état chimique, ce qui suppose de traiter en priorité la question de l'agriculture et de l'assainissement. La FDSEA avait envoyé un courrier fissa pour dire qu'elle comprenait la cause des seuils, mais que les agris étaient absolument innocents des pollutions de l'eau. Ce qui n'est pas tout à fait exact, les niveaux de nitrates en Bourgogne n'ont pas vraiment changé depuis 20 ans. Et sur le reste, notamment les phytosanitaires...
- pour les moulins, je vois plutôt des actions symboliques (par exemples des journées portes ouvertes "Mort des moulins, mort des usines" coordonnées par FFAM, FMDF, EAF, FHE...) et, surtout, juridiques. On peut faire parler d'une cause dans les médias et chez les élus sans tout casser. Mais il faut déjà que tous les moulins se mobilisent : ceux qui ignorent leur bien et se réveillent au dernier moment donnent raison au discours de l'administration !