Forum de la petite hydroélectricité

MHEC a écrit : En effet, " casser " les seuils des moulins c'est de la roupie sans sonnette pour les Agences de l'eau à comparer des milliards d’euros de dépense afin d’aider les communes à investir dans un service d’assainissement.

Tout à fait Paul, pour "casser" il y a l'argent. Mais pour aménager au niveau d'exigence des Agences (= 250 k€ en moyenne par chantier selon HydroPlus), le compte n'y est plus, et nos braves représentants de l'AESN Seine-Amont (MM F*****, M*** et compagnie) n'ont soudain plus un centime pour payer des passes... Il faudra bien qu'ils y consentent, parce que les propriétaires ne les paieront pas de leurs poches et les communes n'ont pas les budgets.

EDIT MHEC: Merci de ne pas citer de noms.

Bonjour,

je lis :

j'ai vu en haute Saône lors d'une démolition d'un barrage implantée sur un verrou rocheux l'administration a payée pour faire sauter de la roche qui était sous le barrage

Si c'est exact, c'est bien la preuve que le but est non pas de rendre les rivières à l'état sauvage (sous le doux nom de "renaturation"), mais bien de les transformer en conduits d'évacuations de toutes nos cochonneries !

Bulldozer et dynamite, allez allez, virez-moi tous ces moulins, seuils, arbres mal alignés, etc ... Puis un coup d'émail blanc, et tout glisse à merveille : plastiques, bouteilles, et poissons morts !

dB-)

Bonjour,

Travaillant dans l'hydroélectricité et possédant ma propre petite centrale, très subjectivement je suis contre ces destructions de seuils… par contre, travaillant également en hydraulique et aimant les rivières, j'aimerai me forger un avis plus objectif…

Une collègue " environnementaliste" m'a conseillé de lire un document où un étudiant en science de l'environnement et de l'écologie a fait une analyse objective sur un seuil situé sur le Doubs… Je n'ai personnellement pas le temps de le lire sérieusement d'ici quelques mois, mais je l'ai parcouru rapidement, et je pense qu'il y a quelques points intéressants… pour ceux que ça intéresse et qui ont la chance d'avoir le temps…
http://www2.unine.ch/files/content/site ... cchina.pdf

Meilleures salutations

Blax

Bonjour Blax

Merci du document, de qualité. Pour que les choses soient claires : je trouve pour ma part très intéressantes les recherches en hydrologie appliquée aux milieux (hydrogéologie, hydromorphologie, hydrobiologie) et, aimant également les rivières, je n'ai certainement pas l'intention de jeter par dessus bord tous ces travaux ni de les disqualifier sous des prétextes futiles ou sommaires.

Le problème, plus pernicieux à mon avis, c'est que les (très jeunes) sciences des milieux aquatiques se disqualifient d'elles-mêmes en tant que sciences quand elles se placent au service d'idéologies d'Etat ou de jeux de lobbies, ce qui est le cas en France, et quand elles oublient la modestie / la prudence qui sied à la recherche scientifique.

J'aime bien la comparaison avec les sciences du climat, parce que le climat comme la rivière, c'est un phénomène complexe. Avant que les chercheurs du climat commencent à donner des premières estimations un peu réalistes sur le poids relatif des facteurs à l'oeuvre dans le déséquilibre radiatif terrestre et ses conséquences pour les températures de surface une fois tenu compte des différents transferts de chaleur au sein des enveloppes fluides, il a fallu 5 décennies de modélisation et de mesures. Et encore aujourd'hui, les 20 ou 30 équipe qui gèrent des modèles dans le monde sont extrêmement prudentes sur le niveau de certitude de leur conclusion (comme elles sont par ailleurs divergentes sur la modélisation des certains phénomènes type dynamique des glaces ou nébulosité).

Alors quand je vois la jeune hydrologie qui n'a ni le budget ni les compétences ni les modèles ni l'ancienneté des données que l'on trouve chez les climatologues laisser entendre que l'on connaît très bien les sources de dégradation de rivières, leurs poids relatifs et les effets sur la milieu attendus pour telle ou telle opération de restauration, eh bien... cela me fait un peu marrer (jaune quand même).

Typiquement dans le document envoyé, jetez un oeil aux pages 34-38. Vous avez un relevé piscicole dont l'interprétation n'est pas très claire (l'effet du barrage sur les espèces n'est pas tellement conforme à la théorie, la plupart des espèces ayant des abondances comparables en amont et en val, voire dans la retenue même), des données historiques qui sont un peu floues (on n'a pas les données quanti anciennes) et récentes (pas d'info de toute façon avant 1970), des autres causes de dégradation qui sont citées mais sans le commencement d'une modélisation ou d'une analyse multivariée, etc. Donc c'est un document très intéressant à lire parce qu'il fait le point sur des dimensions très variées du site, mais il n'a pas (comme presque toute cette littérature) l'autorité que revêt habituellement la preuve scientifique dans un débat démocratique.

@ Paul : OK, ne citons pas nommément nos chers amis de l'Agence de l'eau...

Voilà leur oeuvre : Une charge en nitrate multipliée par 4 depuis les années 1960 (sans compter les quelques centaines d'autres polluants connus dans les rivières françaises, qui ont eu une croissance comparable lors des 30 glorieuses et au-delà) avec à l'arrivée la conclusion très logique : "y'a plus de poissons à cause des moulins".

Qu'ils fassent donc correctement leur boulot sur leurs missions, ce sont des agents publics payés par l'argent public...

Bonjour de l'argent il y en a
http://www.lejsl.com/edition-autun/2014 ... improbable

Heureusement tout le monde n'a pas des œillères
http://www.lejsl.com/loisirs/2014/06/13 ... e-remonter

Bonjour,

vu dans "Vosges Matin" de ce jour :
Beaucoup de messages et de paradoxes dans cet article, entre autres, les seuils retiennent la pollution, donc il faut les enlever (les seuils, pas la pollution)

C'est le Nième épisode de la série "Transformons nos rivières en égouts rectilignes pour mieux évacuer une pollution qu'on ne sait/veut pas diminuer"

C.Q.F.D.

dB-)

Contrairement au meunier et à l'usinier, considérés comme nuisibles par les pouvoirs publics, le castor est une espèce protégée. Non seulement le castor, mais aussi tous les éléments de sa niche écologique dont ses fameux barrages. Le castor devrait donc plaider sa cause devant la Cour européenne de justice.

En admettant que des barrages fixent des pollutions dans leurs sédiments, les pouvoirs publics devraient à tout prendre s'en féliciter : une pollution concentrée est beaucoup plus simple à traiter qu'une pollution diffuse. Pourquoi ne pas proposer aux propriétaires un curage et traitement des sédiments tous les 5 ans ? Evidement payés par les pollueurs, puisque le bief n'est pas responsable des déchets qu'il reçoit!

Bonjour
Lire à ce sujet l'article édifiant " Eau potable. La ressource en quête de protection " du magazine "Que choisir " de juillet-août.
Je cite au hasard :
" La politique agricole commune ( PAC )incite beaucoup plus à la course aux rendements qu'à la protection des captages et les montants versés aux agriculteurs sont sans commune mesure. Par exemple, on arrive à environ 1.6 milliards d'euros d'aides directes par an au titre de la PAC en Seine-Normandie, contre 35 millions d'aides pour la protection de la ressource en eau, soit un rapport de 1 à 43 ! "
C'est pas du pousse au crime ça ?
Cordialement

Bonjour,

Les castors extra, j'espère bien qu'un policeman aquatique va aller leur expliquer que si ils ne construisent pas de passe à poissons, ils feront raser l'ouvrage . l'agence de l'eau financera peut être une formation aux castors, histoire qu'ils apprennent à respecter l'article L.214-17

Quelle belle histoire. Çà m'éclate de penser que sur ces ouvrages personne ne pourra rien faire, car ils sont 100 % protégés.
Et j'espère bien que les écolos veilleront de près à ce que personne ne touche à leurs ouvrages, à ces petites bêtes

Merci Didier pour cette info et ce moment de détente !!

Thomas