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Re: Moratoire sur la continuité écologique : c'est parti!

Publié : 10 sept. 2015, 16:07
par CF21
La fédération EAF (Electricité autonome française) et l'UNSAAEB (Union nationale des syndicats et associations des aquaculteurs en étangs et bassins) ont officiellement rejoint la campagne nationale pour un moratoire sur la continuité écologique.

En pièce jointe ci-dessous, vous trouverez donc le formulaire pdf complet (tous logos) à diffuser.
Moratoire_OK .pdf
Le soutien de EAF et de l'UNSAAEB nous rappelle que la continuité écologique ne pose pas seulement problème aux moulins sans usage productif (plus de 80% des obstacles à l'écoulement en rivière classée) : elle frappe aussi les petits producteurs qui se trouvent confrontés à des mises aux normes extrêmement coûteuses par rapport à leurs chiffres d'affaires, ainsi qu'à une insécurité réglementaire permanente vu la latitude des services instructeurs de l'Etat pour interpréter les textes de loi ou les indicateurs de qualité des milieux.

Enfin, malgré ces bonnes nouvelles, ne vous bercez pas d'illusion facile en vous disant "c'est bon, les fédérations et syndicats vont chercher des soutiens, je n'ai rien à faire". Le moratoire aura pour condition de succès la mobilisation locale et individuelle : chacun sur son site doit toucher son maire, son conseiller départemental, son député, et tout son réseau.

L'Etat n'a pu imposer 10 ans de réglementations agressives qu'en prospérant sur la désunion de ses victimes, l'excès d'individualisme et d'indifférence. Nous avons besoin d'une mobilisation collective, elle passe par chacun d'entre nous !

Re: Moratoire sur la continuité écologique : c'est parti!

Publié : 29 sept. 2015, 13:16
par CF21
Excellente nouvelle : France Hydro Electricité rejoint la campagne nationale pour un moratoire sur la continuité écologique. La famille est au complet, si l'on peut dire. L'unité des électriciens, des pisciculteurs, des riverains et des moulins dans le même engagement démontre la gravité de la situation sur le terrain, le harcèlement dont sont victimes les propriétaires d'ouvrages et le blocage complet de la "concertation" avec le Ministère de l'Ecologie.

Voici donc la version à jour (7 logos) pour la diffusion de l'appel au moratoire :
Moratoire_CE.pdf
Et toujours le formulaire en ligne en première intention.

Pour convaincre vos élus, il importe de leur montrer des images de destruction, de souligner le manque à gagner économique pour le territoire, mais aussi de leur rappeler le scandale démocratique de la continuité écologique : une poignée de hauts fonctionnaires et quelques lobbies ont complètement détourné la loi française (voir les arguments ici) en même temps qu'ils font échouer un par un les objectifs de la politique de l'eau, de la directive nitrates de 1991 à la directive pesticides de 2009 en passant par la DCE 2000 (arguments ici notamment + lien en bas de l'article).

Pour les élus locaux, il importe aussi d'expliquer que cette gestion des rivières les concerne : elle va leur revenir en 2018 dans le cadre de la GEMAPI, et ils seront tenus responsables par l'Etat et par l'Europe des non atteintes au bon état. L'argent public dilapidé dans la continuité écologique est donc de l'argent perdu pour leurs besoins prioritaires (mise aux normes des assainissements, aides à la profession agricole pour limiter les impacts, etc.). Signer le moratoire, c'est rééquilibrer les dépenses vers des choses utiles pour les rivières et les territoires.

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 13 oct. 2015, 06:07
par meilavern
Bonjour,

Dans la série interrogation des opérations de manucure :mrgreen: à l'échelon d'un bassin versant, je travaille sur l’étude préalable à un projet d’aménagement de seuil conduite par un SAGE, avec une instruction, bien évidemment, à charge. Dès que j’en aurai terminé, je vous la ferai parvenir avec mes observations pour info et avis.

Il me reste un point à éclaircir. Le BE écrit :
« Une variante consisterait à aménager la goulotte existante en la prolongeant par une rampe en béton jusqu’au fond du lit.
Pour maintenir la pente actuelle (7 %), il faudrait prolonger l’ouvrage de 12 m environ.
(…) Néanmoins, ce dispositif ne permettrait pas d’améliorer la franchissabilité hydraulique de l’ouvrage sans autre aménagement (élargissement, création de micro seuil à enrochement, etc.) :
- entrée de l’ouvrage trop loin du pied de l’ouvrage pour permettre une attractivité suffisante
- vitesses incompatibles avec la remontée des poissons (supérieures à 2m/s). »

La prolongation de cette goulotte, située au milieu du seuil et conçue comme passe à poissons il y a 20 ans, est la solution qui conviendrait au propriétaire, contrairement aux autres scénarios envisagés :
- aménagement du déversoir par découpe centrale profonde (arasement partiel)
- dispositif de franchissement – passe de contournement toutes espèces à une extrémité du seuil.

Indépendamment du fait que l’indice poissons rivière (IPR) est classé Très bon (station de mesure 1 km en amont du seuil), que l’indice d’abondance saumon du cours d’eau est Excellent, et que l’activité du moulin (production hydroélectrique) comme la gestion de la vanne placée à l’autre extrémité du seuil assurent le transit des sédiments (autrement dit, quel problème de « continuité écologique » ? :geek: ), c’est cette « vitesse incompatible avec la remontée des poissons (supérieure à 2 m/s) » qui m’interroge.

Selon la formule de Toricelli : v = racine de 2gh, une vitesse de l’eau inférieure à 2 m/s nécessite un dénivelé inférieur à 0,2 m, ce qui n’existe dans aucun des scénarios présentés (hauteur du seuil : 1,34 m).

Qu’en pensez-vous ?

EDIT MHEC: Messages déplacés au sujet "Passe à poissons : vos retours d'expérience"

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 13 oct. 2015, 08:55
par CF21
meilavern a écrit : Selon la formule de Toricelli : v = racine de 2gh, une vitesse de l’eau inférieure à 2 m/s nécessite un dénivelé inférieur à 0,2 m, ce qui n’existe dans aucun des scénarios présentés (hauteur du seuil : 1,34 m).
Il faudrait voir les autres propositions du BE.

Il me semble que la formule de Torricelli décrit l'écoulement d'un fluide parfait en sortie de réservoir et en régime stationnaire. Il faut prendre la formule comme une vitesse limite. Dans une PAP a fortiori une solution genre rampe enrochée, il y a de la turbulence et du frottement partout, des variations de largeur / hauteur des tubes d'écoulement, etc. (A mon avis, le champ de vitesse du fluide en chaque point de ce genre d'équipement est à peu près impossible à déterminer par calcul.)

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 13 oct. 2015, 12:13
par dB-)
Bonjour,

il s'agit probablement d'un seuil avec une échancrure suivie d'une rampe, dans ce cas, la hauteur même du seuil n'a aucune importance, seule compte la "charge" d'eau au niveau de l'échancrure, notée H sur le croquis ci -dessous :
Déversoir.jpg
On peut approcher le débit de l'échancrure avec le petit tableur suivant :
Déversoir.zip
Par contre après l'échancrure (et déjà un peu avant) la lame d'eau va s'effiler (sa vitesse moyenne va augmenter). On trouve tous les calculs dans les bouquins d'hydraulique, c'est assez "touffu" ;) , si j'ai une minute je chercherai et scannerai les pages concernées ...

dB-)

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 13 oct. 2015, 12:15
par dB-)
Oups,

errata, le tableau précédent est pour une échancrure dénoyée ! ici ça ne va pas !

Je rectifierai plus tard, là je pars !

dB-)

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 14 oct. 2015, 10:01
par meilavern
Bonjour,

Dans la suite de mon questionnement de la page précédente, je mets en pièce jointe le document du BE.
2015 04 10 Etude Les Sallles rapport_V2.pdf
D’après ce que je comprends du dessin de dB, H est le dénivelé dans la goulotte entre l’amont et l’aval du seuil. Il y a encore un dénivelé H2 depuis début de la rampe de prolongement jusqu’à son contact avec l’eau en aval. La vitesse est fonction du dénivelé H + H2, non ?

La formule de Torricelli donne effectivement la vitesse d’écoulement de l’eau dans des conditions parfaites, sans frottement.

Ceci dit, si les molécules d’eau en contact avec le fond, les parois, l’enrochement éventuel sont freinées, les autres sont, au contraire et d’autant, accélérées : le ''goulot'' formé par les molécules freinées rétrécit le passage des autres pour faire monter leur niveau d’écoulement – le dénivelé à cet endroit - et leur vitesse.

Pour profiter du ralentissement, les poissons devraient évoluer en ''rasant'' les parois des ralentisseurs (autant que c’est pensable) mais se retrouver inévitablement et par moments dans des zones d’écoulement accéléré, avec pour conséquence d’annuler leur économie d’effort.

Ce qui me ramène à : vitesse < 2 m/s => dénivelé < 0,2 m

La seule façon de réduire réellement la vitesse d’écoulement est de baisser le niveau amont de la passe par arasement le seuil. Dans la mesure où la lame d’eau en amont du seuil fait monter d’autant le niveau aval du lit, le dénivelé inférieur à 0,20 m ne peut être obtenu que par un arasement du seuil de 1,34 – 0,2 = 1,14 m. Isn’t ?

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 14 oct. 2015, 16:47
par CF21
Je n'ai pas encore eu le temps de lire le pensum, mais je tombe sur cet extrait
Un réseau de suivi de la qualité du Steïr coordonné par le SIVOMEAQ dans le cadre du programme Bretagne Eau Pure a été mis en place à partir de 1997, incluant notamment un point central : la prise d’eau de Troheir. Ce suivi a été repris par le Sivalodet dans le cadre du suivi général du BV de l'Odet. Le Steïr, secteur à forte densité agricole, présentait de mauvais résultats en nitrates toute l’année, et ce, dès la partie amont de son bassin versant. Cependant, une tendance à l’amélioration est constatée et les objectifs du programme BEP 2 sont globalement respectés depuis 2001 et les résultats nitrates sont qualifiés de bon au titre de la DCE sur l’année 2013. Concernant les autres paramètres, la situation est convenable à l’exception des matières organiques à l’aval.

Malgré cela la masse d’eau est en bon état écologique.

Concernant la qualité biologique, les analyse IBGN concluent à un habitat naturel d’excellente qualité avec un indice de qualité bon (classe 1B : 13<IBGN<16) sur l’ensemble des stations. Un indice diatomée (IBD) ainsi qu’un indice poisson rivière (IPR) ont été effectués sur la station de Troheir en 2012. Avec des notes respectives de17,8 pour l’IBD et 6,6 pour l’IPR, le Steïr présente sur cette station un très bon état biologique.

En ce sens on peut dire que l’effort à consentir sur la continuité écologique (effacements ou aménagements d’ouvrages) vaut d’autant plus la peine que la qualité de l’eau est bonne et peut jouer en synergie avec les actions sur les ouvrages eux-mêmes.
La phrase en gras est une bonne synthèse de l'absurdité ambiante.

Voilà par quoi je la remplacerai :
La rivière Steir est donc éligible au bon état au sens de la DCE 2000, à ceci près qu'elle reste soumise à une pression agricole forte, avec un risque de ne pas stabiliser le bon état nitrates très récent, et une dégradation persistante due aux matières en suspension. Il en résulte qu'il n'est nul besoin d'intervenir sur les ouvrages hydrauliques et que l'argent public doit être dépensé pour travailler sur la diminution des impacts agricoles. L'action du lobby pêcheur visant à augmenter le stock des proies favorites de ses adeptes n'est évidemment pas un motif d'intérêt général tel qu'il légitime l'action sur des ouvrages légalement autorisés et présentant par ailleurs de nombreux atouts pour le territoire. Notre étude s'arrête donc là. :mrgreen:
Evidemment, si le BE écrivait cela, il perdrait tout contrat et devrait fermer boutique, le caporal chef local de l'Onema l'inscrivant sur la liste rouge des ennemis du lobby.

Bon, j'irai regarder plus loin ce qu'ils proposent dès que j'ai un peu plus de temps !
Capture d’écran 2015-10-14 à 16.44.28.png

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 14 oct. 2015, 23:11
par CF21
J'ai un peu regardé mais c'est un avant-projet sans réellement de calcul, et les cotes sont parfois peu lisibles dans les solutions examinées.

Dans la solution de type rampe en enrochement centrale, on a une échancrure à la crête qui définit une certaine hauteur H en amont (= ce que dB) met dans son schéma de la page précédente), ensuite les blocs enrochés (outre qu'ils cassent la vitesse par frottement important) créent des mini-chutes (=hs dans leur schéma c'est la hauteur de charge des passages libres b). Donc si cette hauteur n'est pas trop élevée, la vitesse ne sera pas trop élevée non plus. Un peu le principe des passes techniques à bassins successifs sauf que ce n'est pas du béton lisse, que les écoulements sont plus variés et que ces rampes sont censées mieux supporter le passage d'embâcles / sédiments sans s'obstruer (à ce que j'ai entendu, pas vérifié par des suivis systématiques à mon avis).
Capture d’écran 2015-10-14 à 23.00.56.png
Ce qui leur déplaît dans la solution goulotte, c'est que la vitesse en pied de goulotte (sans enrochement ni chute intermédiaire) sera trop élevée et qu'au milieu du seuil, c'est mal placé pour le débit d'attrait (outre que même s'il ne le mentionne pas, c'est aussi déconseillé car l'Onema exige l'entretien de la passe et le retrait régulier d'embâcles, pas facile en plein hiver si c'est au milieu du seuil avec un canal étroit qui s'obstrue facilement).

Faudrait faire un enrochement ou un contournement ou une passe bassin béton sur le côté gauche qu'ils préconisent, mais en trouvant une entreprise qui prend moins que 80 k€ (pour une chute de 1 à 1,3 m... c'est quand même délirant ces coûts) et avec un financement conséquent agence + département + région puisqu'il y a une fonction de réserve d'eau (prise d’eau de Troheir) ainsi qu'un usage pour le moulin, donc une impossibilité manifeste d'effacer.

Passe à poissons : vos retours d'expérience

Publié : 15 oct. 2015, 04:23
par dB-)
Bonjour,

je viens de découvrir un système génial qui pourrait être utilisé pour la "montaison" des poisscailles sur les centrales ayant plus d'une dizaine de mètres de hauteur de chute :
FalkirkWheelSide_2004_SeanMcClean.jpg
Falkirk_wheel.jpg
On descend le bac, on lance quelques appâts (piou piou, petits petits ...), et une fois les bestiolles dans le bac, on le remonte !

Sûr que ça doit coûter un paquet d'oseille ! Mais holààà, on a les moyens en France, il suffit de voir les millions d'€ jetés à la poubelle pour démolir inutilement les seuils !

Bon, ce n'est pas vraiment "Rivières Sauvageot compatible" comme système, mais il faut reconnaître que "ça en jette", et cerise sur le gâteau, ça peut presque devenir rentable, voir https://www.scottishcanals.co.uk/news/t ... ever-year/

PS : à propos de spectaculaire et de rentabilité, pourquoi ne pas faire péter les seuils à la dynamite, le 14 juillet ? grands rassemblements festifs, avec buvettes, frites, flonflons, ... Je trouve qu'actuellement les destructeurs la jouent "petit bras", en catimini, il faudrait assumer un peu plus !

dB-)