Bonjour,
CIE87 a écrit :Voilà le fait d’armes de ces ayatollahs écologistes mis sur la page d’accueil de leur site...
Ouhh lààà, je ne sais pas s'il faut parler des chefs religieux chiites, on va se mettre à dos la moitié de la planète, l'hydroélectricité est déjà assez compliquée comme ça, en considérant l'écologie, l'administration, la politique, le passionnel et la technique !
Je comprends la démarche de France Nature Environnement, et je partage certaines de ses revendications, quand je vois l'évolution entre la planète que nos grands parents ont connue, et celle que nous laisserons à nos petits enfants
Globalement, j'apprécie le travail des ONG : FNE, Greenpeace, Réseau Sortir du Nucléaire, Fondation Abbé Pierre, WWF, Silence, etc ... Ces associations équilibrent un peu le fonctionnement de notre société, basé avant tout sur un raisonnement et une puissance purement économique. Elles arrivent à influencer les politiques, plus tentés de considérer la prochaine échéance électorale qu'à raisonner avec une vision de la société projetée à 30 ou 50 ans.
Il est je crois prévu que d'ici une centaine d'années, les restes de ressources fossiles (gaz, pétrole, charbon, schistes, uranium, etc...) ne suffiront que pour moins de 2 milliards d'habitants : manifestement, ça va coincer quelque part rien que sur l'énergie, sans parler de l'eau, du climat, etc ...
Pour revenir au site de France Nature Environnement,
c'est vrai qu'il fait quand même preuve d'un certain acharnement, non objectif à mon sens, contre l'hydroélectricité ! pourquoi ? mystère ...
- suppression d'une autorisation d'installation hydroélectrique (
http://www.fne.asso.fr/fr/annulation-d- ... s_id=12368) : faut-il vraiment se réjouir de cette annulation ? N'aurait-il pas été plus intelligent de trouver un terrain d'entente, de faire de part et d'autre des concessions, pour à la fois préserver au mieux la rivière, et permettre la production d'une électricité qui si elle n'est pas sans impact, est quand même moins polluante que les autres ? Faut-il absolument voir chaque problème comme un conflit, avec un gagnant et un perdant, ou plutôt chercher des solutions gagnant / gagnant ? Et si l'on veut le retour total à la nature, ne faut-il pas supprimer l'humanité ?
- concours suivi de la sécheresse (
http://www.fne.asso.fr/fr/secheresse-et ... 61&vID=895 ) : il est tout à fait possible de participer à ce concours, et de montrer la bêtise de l’arasement de certains seuils, qui a proprement tué toute vie aquatique lors de la sécheresse du début de l'été (avec parfois remise en place à la hâte de Big Bags là où on avait démoli les pierres de taille ...)
- hydroélectricité condamnée pour avoir asséché une rivière (
http://www.fne.asso.fr/fr/hydroelectric ... s_id=12062 ) et (
http://www.fne.asso.fr/fr/ouvrage-hydra ... news_id=89 ) : je ne connais pas ces dossiers, mais j'imagine qu'il existe des usiniers qui, soit par ignorance, par mauvaise volonté, ou en cas de force majeure, ne respectent pas leur règlement d'eau et l'exigence d'un débit réservé. En cas d'infraction avérée, signalée au propriétaire, et non corrigée rapidement, je trouve normal qu'il y ait une sanction.
- FNE ne signe pas la convention pour le développement de l'hydroélectricité (
http://www.fne.asso.fr/fr/convention-po ... ws_id=1710 ) : je comprends que FNE ne cautionne pas l'implantation de nouvelles centrales en des endroits sauvages jusque là préservés. En un point du texte il est indiqué "
Toutefois, nous sommes favorables à la modernisation et à l’optimisation énergétique des ouvrages existants en y intégrant bien sûr des critères environnementaux…" Vu qu'il doit y avoir environ 100 000 anciens sites de moulins à "optimiser" (car les anciennes installations avaient très souvent un très faible rendement, il est possible soit de produire plus de kW avec la même eau, soit les mêmes kW avec moins d'eau), j'ai donc bon espoir : meilleure gestion par une automatisation des vannes et turbines, turbines, mécanique, générateurs, régulations plus performants, grilles, séparation des dégrillats, passes à poissons, etc ...
- Prolifération de projets de micro-centrales hydroélectriques (
http://www.fne.asso.fr/fr/proliferation ... ws_id=1514 ) : l'article est très ambigu, on y parle de 60 000 barrages (50 000 dans un autre article), on y désigne vaguement les micro-centrales comme "l’une des principales causes de non atteinte du bon état des eaux en 2015 dans tous les bassins" : y a t-il quelque part une liste objective de ces causes, et un classement par ordre d'importance ? On y méprise les micro-centrales "qui ne fournissent que 0,6 à 1,2 % de la production électrique française". Aaahh, à lire ça on a l'impression que rien ne vaut un bon gros EPR ! Mais dans d'autres articles on critique aussi les grands barrages, et dans d'autres le nucléaire, etc etc ... finalement un mélange pas très crédible et sans ligne claire.
Est-ce que si on classe les différents problèmes écologiques, on a pas par exemple, du plus important au moins important : diminuer le besoin global de transports, de chauffage, et d'énergie en général, diminuer le nucléaire, énergie fossile et dangereuse, diminuer les autres énergies fossiles génératrices de CO2, diminuer la pollution, la consommation de protéines animales, améliorer le recyclage et l'utilisation des énergies renouvelables (solaire thermique et photovoltaïque, bois et végétaux, éolien, hydraulique, géothermique, marées, vagues, ..). Si l'on regarde le problème dans son ensemble, la destruction des seuils parait bien dérisoire et mal venue ...
"Il est inconcevable de développer l’hydroélectricité sur les cours d’eau encore préservés et non aménagés" : je serais assez d'accord.
"Avant tout développement nouveau, il est impératif d’optimiser les équipements qui ont une réelle utilité, et de diminuer rapidement les impacts sur les cours d’eau" : pas d'accord avec le terme réelle utilité, je préfère un petit moulin qui vit en autarcie avec une production de 5 kW qu'un raccordement au réseau, avec je ne sais pas combien de pertes d'énergie à la production et au transport.
"Il est nécessaire de prévoir le démantèlement de bon nombre de seuils et autres barrages inutiles. Le démantèlement de certains ouvrages très perturbateurs sur des axes migrateurs étant la priorité" : pas d'accord du tout,
effacement d'un seuil ne veut pas dire démantèlement, mais aménagement. Si ces barrages étaient inutiles, ils n'auraient pas été construits. Et il n'est pas dit que le mode de vie d'il y a 200 ans ne revienne pas en force dans les prochaines décennies : une vie plus simple, moins énergivore, de l'artisanat, des petites productions d'énergie locales, pas forcément d'électricité, et non des méga-centrales reliées par des milliers de km de ligne, etc.. En plus, on est là en train d'envisager des travaux qui, à l'échelle de la France, vont représenter quelques milliards d'Euros : sur quelles études scientifiques s'appuie une aussi lourde décision, très coûteuse à court terme, et qui peut s'avérer catastrophique en cas d'erreur ? Le contribuable, qui va mettre la main à la poche, est-il d'accord pour détruire les moulins, le patrimoine, les micro-centrales ? Les études sont-elles réalisées par des experts totalement indépendants de tout lobby nucléaire ou agricole ? Les rapports d'études sont-ils publics, avec indication de la méthodologie, des mesures, des dates, des auteurs ? A-t-on recoupé tout cela avec ce qui se fait dans les autres pays ? La vie des citoyens doit-elle être dictée par les études de quelques spécialistes, même compétents ?
- 60.000 obstacles à l'écoulement de cours d'eau (
http://www.fne.asso.fr/fr/60.000-obstac ... ws_id=1630 ) : si on veut supprimer tous les obstacles des cours d'eau, on peut aussi redresser les berges, supprimer les méandres, enlever les souches ou racines d'arbres, démolir les seuils naturels en enrochements, et tout émailler ou peindre en blanc : on aura une belle cuvette de WC, bien pratique pour évacuer toutes les cochonneries qui sont déversées dans les rivières. Mais le paradoxe est là : au lieu de s'attaquer en grande priorité à la pollution des rivières, FNE essaie de mieux l'évacuer. Circulez, y a rien à voir ! Autre point, après les études scientifiques qui ont conclu à la suppression des obstacles, arrivent maintenant d'autres études scientifiques qui concluent qu'il vaut beaucoup mieux laisser les cours d'eau en l'état, avec leur seuils, pour freiner la descente de la pollution, permettre une décantation, constituer des réserves d'eau, permettre le remplissage des nappes phréatiques, et limiter la remontée des espèces invasives végétales et animales ... Donc il est urgent de ne rien faire, ça tombe bien, les caisses sont vides.
- hydroélectricité (
http://www.fne.asso.fr/fr/hydroelectric ... s_id=12025 ) : "L'hydroélectricité altère la morphologie des cours d'eau à plusieurs titres : migration des poissons et des sédiments bloquée, ralentissement des écoulements, modification des débits, accumulation de matière solide..." : ralentissement des écoulements (c'est à dire en m3/s) ? Sur quelle échelle de temps ? parce que essayez de ralentir l'écoulement d'une rivière, vous verrez, impossible ! Modification des débits : oui si on parle de grosses centrales, mais une micro-centrale au fil de l'eau ne perturbe pas le débit. L'hydroélectricité altère la morphologie des cours d'eau :
oui. Les routes et autoroutes altèrent la morphologie des pâturages :
oui. Les avions et aérodromes altèrent le paysage et la qualité de l'air :
oui. Les centrales nucléaires altèrent la probabilité qu'on vive peinards :
oui. Les chalutiers altèrent les fonds marins :
oui. L'agriculture intensive altère les nappes phréatiques et notre santé :
oui. Les ondes radio altèrent le fonctionnement de nos cellules :
oui. Les 7 milliards d'humains altèrent la qualité de vie du monde végétal et animal :
oui.
"Elle altère en même temps la qualité de l'eau : réchauffement, accumulation de matières, eutrophisation, développement de cyanobactéries, impact des vidanges... Et bien sûr, les turbines entraînent une mortalité importante des poissons, notamment lors de la dévalaison." l'hydroélectricité réchauffe l'eau ? Première nouvelle ! Au contraire, une eau canalisée et coulant tranquillement en régime laminaire dans un bief, puis actionnant une turbine de bon rendement, se réchauffe beaucoup moins que si elle avait tourbillonné en dévalant le cours d'eau. Impact des vidanges : oui, certainement, il faut réfléchir à cela. Accumulation de matières : ne pas pousser ! Si on observe certains cours d'eau paresseux, comme l'Ognon ou la Saône, on voit très bien que, naturellement, en l'absence de toute centrale, certaines zones s'engorgent, se remblaient et s'enherbent, alors que d'autres se ravinent, s'effondrent, et le lit de la rivière se déplace progressivement au fil des ans. Un problème à mon sens beaucoup plus important est l'invasion de plantes comme la Renouée du Japon, ou la Balsamine de l'Himalaya, qui déstructurent les berges, asphyxient les autres plantes, une vraie calamité.
"eutrophisation" ??? késako ? Vite, Wikipédia ! "L'eutrophisation est la modification et la dégradation d'un milieu aquatique, lié en général à un apport excessif de substances nutritives (azote provenant surtout des nitrates agricoles et des eaux usées, et secondairement de la pollution automobile, et phosphore, provenant surtout des phosphates et des eaux usées), qui augmentent la production d’algues et d'espèces aquatiques" . Bon, c'est pas moi qui le dit. Est-ce que ce n'est pas un peu osé de vouloir faire porter le chapeau aux micro-centrales ?
"mortalité importante des poissons" : je plonge de temps en temps dans les moulins, pour examiner les turbines, grilles, vannes. Entre nous, ça grouille de poissons ! Avis aux pêcheurs, achetez un moulin et remettez-le en service, vous ne serez pas déçu. Certes, les turbines doivent hacher des poissons de temps en temps, mais je pense qu'elles tuent beaucoup moins que la pollution, les filets, chaluts, hameçons, hérons ou cormorans. C'est aussi oublier les grilles de protection, le fait que les poissons ne sont pas idiots et ne vont pas près du bruit et des vibrations, que certains peuvent passer dans une turbine sans être blessés, que certaines turbines, vis ou roues sont peu dangereuses, et qu'il est peut être possible de mettre en place des sortes de répulsifs, visuels ou sonores (ahh voilà un beau sujet d'étude scientifique).
Turbine vue depuis l'intérieur.JPG
Mes vacances sous les moulins.JPG
- Coup d'arrêt au développement de l'hydroélectricité (
http://www.fne.asso.fr/fr/coup-darret-a ... ews_id=267 ): "La priorité est à la sobriété énergétique, et aux développements de l’énergie solaire et éolienne" : sobriété énergétique, 100% d'accord. Mais pourquoi ce dogme "développement de l'énergie solaire et éolienne" ? Suivant quels arguments ? Dans un autre article, FNE critique les micro-productions hydro, est-à dire qu'ils sont partisans de giga parcs photovoltaïques implantés au Sahara ? Le solaire thermique disponible pour un logement est hélas très limité dans certaines régions, et le solaire photovoltaïque n'est pas exempt de pollution. L'éolien est beaucoup plus efficace avec les très grandes éoliennes qu'avec de petites éoliennes individuelles, est-ce vraiment une source d'énergie démocratique ? Faut-il négliger la géothermie ? et le mouvement des marées ou des vagues ? Première sobriété énergétique à mettre en œuvre, laisser les cours d'eau tels qu'ils sont, et ne pas gaspiller des milliers de litres de gazole pour faire tourner des pelleteuses, des bulldozers et des camions pour démolir et évacuer les anciens seuils !
J'arrête là, ça tourne en rond !
Cordialement
dB-)