Gilles21 a écrit :
Donc en résumé, des périodes de crues alternant avec des périodes d'étiage intempestives : pas l'idéal pour la production et encore moins pour l'autoconsommation
Mais cette année c'est le pompon : moitié de la production de 2013 !
Il est certain que ces conditions sont médiocres. Pour la comparaison, 2013 était chez nous particulièrement arrosée (forte crue de mai avec de manière générale un excès de pluie tout le premier semestre) et 2015 est particulièrement sèche (comme ailleurs, les arrêtés sécheresse ne sont pas levés à ma connaissance, les paysans qui labourent font étar de sols durs comme la pierre sous les 2 ou 3 cm d'humus).
Les données à long terme ne relèvent pas de tendances pluvio très nettes pour le moment. Quand on regarde le lien de la conf 2015 donné ci-dessus, on voit par exemple que les années 1950 et 1960 avaient une variabilité interannuelle plus prononcées qu'aujourd'hui. Mais ce sont des moyennes nationales, les réalités régionales peuvent être différentes (dans la même conf, on voit sur la carte des points nationaux que le Sud est par exemple en tendance clairement sèche pour les mois d'hiver météo DJF... ce qui n'est pas bon pour la revente en tarif hiver

).
L'histoire du climat est assez passionnante, je conseille de lire Le Roy Ladurie pour une approche de ce qu'ont vécu nos ancêtres sur la longue durée. Elle nous enseigne que la variabilité locale est la règle, en particulier en région tempérée comme la nôtre.
Voici par exemple, sur le moulin que je vise à acquérir en Morvan, la restranscription d'une chronique du 21 octobre 1731. Nous sommes alors dans la période froide et perturbée du "petit âge de glace" en Europe occidentale (ce serait dû à une amplification en zone atlantique d'une moindre activité solaire). La 'colère de Dieu"
Cette année 1731 on a vu un dérangement extraordinaire dans toutes les saisons car lhyver fort vigoureux et la neige se repandit en si grande abondance partout qu’elle sélevat dans les moindres endroits jusques à la hauteur de deux pieds et demi et il y auroit des des endroits ou elle monta à plus de huit pieds d’auteur en sorte que la communication des chemins était entièrement fermée et cette neige qui avoit commencé dès le 28 novembre de l’année précédente a la vérité en moindre quantité dura bien avant dans le mois d’avril en sorte que la terre en fut plus de trois mois entièrement couverte. Lorsque le printems commencat a calmer les rigueurs de lhyver on ne le resentit presque point des dousseurs de ceste saison mais un soleil brulant se fit sentir et continuat avec tant de vehemance que les sucs de la terre en furent entièrement decheches, les rivières et les sources des fontaines furent taries, les herbes des pres et des campagnes et les avoines, orges et autres menues graines poids chenevieres se perirent et en plusieurs endroits on ne recueillit ni foin ni avoine ce qui rendit les fourrages si rares que le foin se vendit jusques à quarante francs le cent et l’avoine jusques à vingt sols. On fut plus de sept mois sans avoir de pluyes que quelques pluies locales causées par les orages fort rares, le blé netoit pas moins cher et il valut jusques à quarante cinq sols mesure d’Avallon et communément le seigle se vendit trente quatre sols mesure de Rouvray, on fit de toutes parts des processions publiques pour fléchir la colère de Dieu et le seigneur consola son peuple dans cette grande affliction.