Bonsoir
pierre a écrit :
Sur une proposition d'arreté préfectoral qui m a été remis pour régulariser la consistance légale d'un fondé en titre, je suis étonné sur 2 sujets: la hauteur du fond de l'eau jusqu'à la crete du barrage fait un peu plus de 2m, la DDT classe donc le barrage en classe D avec toutes les visites/dossiers que cela implique.
La définition de barrage du forum est un peu rapide???:
"Par usage, un barrage mesurant plus de 2 m mais formé de pierres jointoyées en pente (et non d'une façade verticale béton) est généralement assimilé à un seuil, et n'est pas astreint à des visites techniques approfondies."
Les seuils, même s'ils font un peu plus de 2 m, ne sont pas couramment assimilés à des barrages (d'où le "
par usage" et le "
généralement" dans la phrase citée, qui signale simplement les pratiques en cours sur l'immense majorité des rivières). Je n'avais jamais vu un fonctionnaire de la DDT ou de l'Onema exiger un tel classement en plongeant dans l'eau d'une retenue de moulin pour mesurer la cote du fond de la rivière. Mais il y en a d'après votre expérience, il faut un début à tout... A moins que ce ne soit la nouvelle manière d'appliquer strictement la loi reçue en consigne par les DDT, ce qui ne sera jamais que le n-ième petit formalisme chronovore et budgétivore dont notre administration nationale s'est fait une spécialité.
Formellement c'est la plus grande hauteur entre le sommet et le terrain naturel qui définit le classement, voir le
décret de 2007. Le motif de ce décret est la sécurité et les seuils en pierres jointoyées ne posent évidemment aucun danger particulier – si jamais une crue les ébrèche, ce qui est fréquent quand ils sont mal entretenus, cela n'entraîne rien de spécial pour les tiers ni pour les milieux, juste quelques pierres à l'aval.
Après, la gestion d'un barrage de classe D n'est pas trop complexe : un dossier de l'ouvrage (le règlement, le descriptif, le plan s'il y en a un), un registre de l'ouvrage (cahier où vous notez "Inspection visuelle : RAS" toutes les semaines ou tous les mois), une visite technique approfondie tous les 10 ans (analyse par un BE agréé, mais pour un seuil, une simple inspection visuelle suffit).
Enfin, vous signalez un arrêté préfectoral pour "régulariser la consistance légale d'un DFT". C'est une nouvelle manie des préfectures, avant un DFT ou un règlementé avant 1919 < 150 kW reprenait son activité sans rien changer ni rien déclarer : simple lettre d'information généralement suivie d'une visite et d'une lettre de confirmation de la DDA-DDE. Maintenant, le premier réflexe d'un interlocuteur administratif est "
ah mais il va falloir faire un arrêté préfectoral / ah mais il va falloir édicter un nouveau règlement d'eau". J'avoue que je ne vois pas pourquoi, il suffit de suivre le régime général de la loi inscrit dans le Code de l'environnement et le Code de l'énergie, un préfet ne prend généralement des arrêtés que pour signaler une mesure d'exception par rapport à ce régime général.
- la DDT demande au petitionnaire une etude du DMB alors que la riviere n'est ni en classe 1 ou 2. Le court circuit de la riviere n'est que de 100m. Pas de passe à poissons demandée.
Là dessus c'est normal d'avoir un DMB, l'
article 214-18 C env s'impose à tout ouvrage, avec ou sans production, autorisé ou concédé, DFT ou règlementé, etc.
L'étude du DMB... cela revient dans mon esprit à vérifier l'enjeu piscicole dans les 100 m court-circuités (y a-t-il des frayères ou non) et à comparer les 10% du module (régime commun) avec le débit d'étiage et/ou le débit sec quinquennal. Soit vous prenez un BE, soit vous essayez de constituer vous-même un petit dossier. Dans le second cas :
- analyse des classements de la rivière (L1, L2, Natura2000...) même pour signaler qu'il n'y en a pas
- analyse des débits d'après station hydro par interpolation de bassin versant (ou si vous avez mesuré au droit de l'ouvrage)
- analyse des relevés piscicoles de la rivière (vous pouvez les demander à l'Onema ou à la fédé de pêche, sinon chercher
sur ce site)
- autres données sur la rivière (que l'on peut généralement glaner dans les SAGE, les Contrats rivières, les états des lieux des FDAAPPMA, etc. on trouve presque toujours quelque chose sur le
site documentaire Eaufrance)
- situation IGN, plan sommaire, photographies du tronçon court-circuité (si possible en crues, en régime normal, en étiage)
- commentaires rapides sur le tronçon (substrat en fond, pente, régime d'écoulement, type morphologique plat, radier, mouille, etc., ripisylve)
- examen de frayère, en particulier s'il y a des espèces d'intérêt genre truite, ombre, etc. (des infos de base sur les frais dans
ce document, on en trouve plein d'autres facilement en googlant, dont des bons du Museum d'histoire naturelle sur les espèces protégées)
En gros, c'est ce que feraun BE en tarif "de base". Mais si vous avez beaucoup d'argent, vous pouvez prendre un BE tarif "de luxe" qui va mobiliser toute l'artillerie lourde (
méthode des micro-habitats et compagnie) pour scruter les 100 m...
Exemples d'études de DMB par des BE : en Martinique (
lien pdf), en Bourgogne (
lien pdf), en Limousin (
lien pdf)
ClasseD.jpg
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.