L’utilisation
de l’énergie hydraulique prit d’autant plus d’importance au cours du 18ème
siècle que l’essor industriel se manifesta avant que la machine à vapeur fût
en état de constituer une source d’énergie appréciable. Comme
l’Angleterre se trouva à cette époque à la tête de ce mouvement, ce
sont les ingénieurs britanniques, et plus particulièrement parmi eux John
Smeaton, qui s’attachèrent à perfectionner les types de moulins hydrauliques
connus et leurs aménagements.
Les roues hydrauliques actionnaient fonderies,
meules, scieries, soufflets de forge. Les filatures étaient installées au pays
des collines d’où descendaient des cours d’eau. Longtemps encore on
continua à utiliser des manèges mus par des animaux, chevaux, bœufs ou même
chiens, dans les contrées dépourvues de cours d’eau. Lorsque la hauteur de
chute était insuffisante on employa des machines à vapeur, du type de
Newcomen, à relever l’eau du niveau inférieur au niveau supérieur du
coursier. Cependant aucune usine un peu importante ne pouvait être installée
loin d’un cours d’eau assez puissant sur lequel la con figuration du sol
permit de créer un petit barrage. Pour cette raison les vallées de la chaîne
Pennine connurent au 17ème siècle une activité industrielle
importante qu’elles perdirent en partie lorsque l’utilisation de la vapeur
se développa.
d'efforts pour élaborer une théorie satisfaisante des roues hydrauliques et
pour améliorer leur rendement.
Le premier but ne fut pas atteint ; jusqu’au début du19ème siècle aucune
des vues théoriques proposées ne donnait satisfaction. Mais la construction et
l’aménagement des roues hydrauliques furent très notablement améliorés. Un
peu plus tard, la mise en service des turbines allait donner de nouvelles
possibilités d’exploitation de l’énergie hydraulique.
La mécanique des fluides connut ses premières étapes théoriques dès la fin
du xvne siècle, et, au cours du siècle suivant, l’hydraulique commença à
prendre quelque
Les recherches des mathématiciens et des expérimentateurs avaient pour but
d’analyser les conditions de fonctionnement des roues hydrauliques et de
comparer les avantages des trois types connus, les roues en dessous, les roues
de côté et les roues en dessus. On ne commença que plus tardivement à
s’intéresser aux roues à impulsion.
Bien que les moulins à roue horizontale, c’est-à-dire à arbre vertical,
aient été connus depuis les premières époques d’utilisation de l’énergie
hydraulique,
Le type le
plus
Cette roue assez rudimentaire ne pouvait fournir que peu de puissance.
(Voir aussi
C’est sur ce type simple que portèrent d’abord les
premières observations et les premiers calculs, ceux-ci, en vue de déterminer
quelle était la pression exercée par l’eau sur les pales. Mariotte, Newton
et quelques autres mécaniciens, dont Daniel Bernoulli en 1727, s’intéressèrent
à ce problème et exécutèrent des expériences dont le principe consistait à
déterminer quel poids porté par un levier ou une poulie, équilibrait la
pression de l’eau sur les pales.
De ces travaux les mécaniciens conclurent que la pression exercée sur les
pales était proportionnelle au carré de la vitesse relative du courant par
rapport à la vitesse circulaire de la roue.
Pendant près d’un demi-siècle on admit comme exacte la règle formulée par
Parent selon laquelle l’effet maximum est obtenu lorsque la vitesse du
centre d’impulsion des aubes de la roue est égale au tiers de la vitesse
du courant.
Cette règle fut abandonnée après les expériences
de John Smeaton de 1752 et 1753 et les travaux de Borda de 1767. Comme pour les
moulins à vent, Smeaton imagina un dispositif expérimental pour étudier les
roues hydrauliques ; il pouvait faire
varier la vitesse et le volume du courant et mesurer les effets grâce à une
corde dont une extrémité était fixée sur l’arbre de la roue, qui passait
dans une poulie, et dont l’autre extrémité supportait un poids. En France,
à la même époque, Bossut utilisa un dispositif analogue et trouva comme
Smeaton que l’effet maximum était
obtenu quand la vitesse de la roue était
égale au 2/5 du vitesse du courant.
Enfin Borda montra que l’impulsion était
proportionnelle à la vitesse de l’eau, et non à son carré et que
l’effet maximum était obtenu
lorsque la vitesse de la roue était égale à la moitié de celle du courant.
D’autres facteurs firent aussi l’objet de longues
discussions et recherches. On
essaya de déterminer quelle était
la largeur du coursier la plus favorable rapport à la largeur de la roue, quels
devaient être l’inclinaison des pales sur l’arbre et l’espacement des
pales entre elles, c’est-à-dire quel devait être le nombre des pales pour
obtenir le meilleur rendement, quelle portion de la pale devait être plongée
dans l’eau à son point le plus bas.
Les perfectionnements furent plus rapides par la suite
John Smeaton fut le premier artisan de ces progrès. Le nom de l’ingénieur
anglais reste attaché à la construction du troisième phare d’Eddystone en
1755, au percement du canal de Forth à la Clyde et
à de nombreux ouvrages de génie civil, à ses études sur les machines et
aux perfectionnements qu’il a apportés à la machine à vapeur de Newcomen.
fl établit également de nombreuses installations de roues hydrauliques.
C’est lui qui, en 1769, construisit pour les forges de Carron la première
roue possédant un axe en fonte. L’essai ne fut pas concluant car la fonte ne résistait pas au gel en raison
de sa porosité.
Au cours de la seconde moitié du 18ème
siècle on commença à multiplier les installations avec des roues de
grand diamètre dont pendant longtemps la grande
roue de Marly avait été le seul exemple.
Entre autres la grande installation du London Bridge fut mise en service en 1768
et devait fonctionner jusqu’en 1817, date à laquelle elle fut remplacée par
des roues en fer. Ce sont les ingénieurs is John Rennie et M. I. Brund qui réalisèrent
les premières grandes roues à arbre de fer vers la fin du
L’évolution de ces notions théoriques n’eut
d’ailleurs pas d’effet immédiat sur la construction des roues et sur leurs
installations qui se faisaient selon une tradition séculaire évolua très
lentement jusque vers la fin du 18ème
siècle environ. Les perfectionnements furent plus rapides par la suite,
surtout lorsque la fonte, puis le fer commencèrent à être utilisés. John Smeaton
fut le premier artisan de ces progrès. Le nom de l’ingénieur anglais reste
attaché à la construction du troisième phare d’Eddystone en 1755, au
percement du canal de Forth à la Clyde et
à de nombreux ouvrages de génie civil, à ses études sur les machines et
aux perfectionnements qu’il a apportés à la machine à vapeur de Newcomen.
fl établit également de nombreuses installations de roues hydrauliques.
C’est lui qui, en 1769, construisit pour les forges de Carron la première
roue possédant un axe en fonte. L’essai ne
fut pas concluant car la fonte ne résistait pas au gel en raison de sa
porosité.
Au cours de la seconde moitié du 18ème
siècle on commença à multiplier les installations avec des roues de
grand diamètre dont pendant longtemps la grande
roue de Marly avait été le seul exemple.
Entre autres la grande installation du London Bridge fut mise en service en 1768 et devait fonctionner jusqu’en 1817, date
à laquelle elle fut remplacée par des roues en fer. Ce Sont les ingénieurs
John Rennie et M. I. Brund qui réalisèrent les premières grandes roues àde
fer vers la fin du 18ème siècle
et le début du 19ème siècle.
Peu après le bois
Tous les autres éléments qui permettaient d’augmenter le rendement furent
soigneusement étudiés par Poncelet; c’est ainsi qu’il détermina que le
profil du fond du coursier devait suivre le profil de la roue jusqu’à une
certaine distance en aval de la verticale passant par l’axe de la roue, de façon
à assurer l’élimination de l’eau des aubes courbes à l’instant de la
course le plus opportun.
Toutes ces données réunies permirent d'augmenter sensiblement le rendement des roues en
dessous.
Cependant la réalisation de ce type de roue n’était pas à la portée de
tous les constructeurs au moment où les travaux de Poncelet furent connus. La
roue était entièrement de métal, constituée par huit segments de couronne de
fonte assemblés autour de l’axe et d’aubes en tôle. Si toutes les données
géométriques n’étaient pas respectées
le rendement n’ atteignait pas la valeur espérée ; ce n’est que
vers 1850, semble-t-il, que toutes les difficultés de construction furent définitivement
surmontées.
On ne peut pas dire avec certitude quelle fut la genèse de ces deux types de
roues. L’utilisation du coursier pour canaliser le courant d’eau vers les
pales de la roue conduisit sans doute progressivement à utiliser une partie de
la chute pour faire agir le poids de l’eau sur les pales. Il ne semble pas
qu’avant la fin du xVue siècle on
ait tenté de généraliser l’emploi des augets. Leur construction, même sous
la forme prismatique qu’ils conservèrent jusqu’à la substitution du fer
au bois, était plus compliquée, donc plus coûteuse, que celle des aubes
planes. En outre, on n’appréciait pas l’avantage de leur utilisation. Bélidor
estimait au contraire que leur emploi était moins avantageux que celui des
pales et préconisait des roues de côté dont le coursier formerait vers le bas
une courbe épousant la forme de la roue. Navier estimait, dans l’édition de l’Architecture
hydraulique de Bélidor, qu’il publia en 1819 avec d’abondantes notes,
que la négligence avec laquelle le célèbre ingénieur avait traité les roues
à augets avait eu des conséquences fâcheuses sur les installations effectuées
après lui.
Desaguliers fut sans doute le premier à émettre un avis contraire; selon lui
les augets permettaient d’obtenir un effet dix fois plus grand que celui
obtenu avec les pales. Deparcieux en 1754 acquit des notions plus précises en
expérimentant sur une chute de plus de 4 pieds de haut, c’est-à-dire de 130
cm environ; il reconnut en outre que l’effet est d’autant plus grand que la
vitesse de la roue est faible. Ce résultat fut confirmé l’année suivante
par Leonard Euler qui fut le premier sans doute à établir une distinction
nette entre trois catégories de roues, celles qui agissent par l’effet du
choc, par l’effet du poids ou par l’effet de la réaction de l’eau.
Smeaton et Borda apportèrent, comme pour les roues à aubes, les notions les
plus sûres pour l’époque. Le premier trouva expérimenta
Un
peu avant le milieu du siècle un
nouveau type de coté fut inventé par l’ingénieur français
Sagebien ; cette roue différait des roues à pales classiques par
le fait que celle n’était pas disposée perpendiculairement à l’axe central
. L’inventeur de ce dispositif a calculé l’inclinaison des pales de façon
que celle qui passe au niveau de l’eau dans le canal d’arrivée fasse un
angle de 45° avec cette surface.
Ainsi l’eau emplit sans choc l’intervalle entre les pales et en sort au bas
de la course sans remous sur le fond du coursier. Cette disposition permettait
de faire passer de 60-70 % à 80-90 % le rendement des roues de côté à aubes
planes. (Ces valeurs paraissent très optimistes !)
La roue Sagebien construite en métal fut rapidement adoptée pour un grand
nombre d’installations hydrauliques.
En France les premières roues entièrement en métal apparurent vers 1830 . A cette date en particulier une roue en dessus de 6,5 m de rayon fut installée à la manufacture de Sèvres par le constructeur anglais John Hall. Elle était constituée en tôle pour les augets, en fer pour les rayons, en fonte pour la couronne, les tourillons et l’arbre. Sur de telles roues la couronne dentée était reportée sur la périphérie, ce qui permettait d’obtenir une multiplication assez importante.
Vers le milieu du 19ème siècle la construction des roues et l’aménagement des installations avaient atteint un degré de perfectionnement qui ne devait plus être dépassé par la suite. La pratique aussi bien que l’étude théorique de l’hydrodynamique avaient permis une mise au point de la meilleure utilisation possible des chutes d’eau au moyen des roues verticales. Pour chaque type, la disposition du coursier, la capacité de la couronne, le tracé des augets et leur nombre, la forme des orifices d’admission, la régularisation automatique du vannage étaient parfaitement déterminés et assurés. Les efforts des hydrauliciens allaient porter désormais sur le développement des turbines dont déjà les premiers types étaient entrés en service.