Il ne saurait être question de traiter
ici in extenso des turbines modernes. Notre étude s'intéresse aux roues . Nous
ferons sur les turbines un rapide parcours. Les turbines
ont fait l'objet de débuts, de recherches
et d'études poussées .Les publications les décrivant dans le
détail avec tous les calculs souhaités sont rares , les constructeurs par ailleurs cachent leurs secrets
concernant notamment les tracés des aubes ; avec le temps , cependant ces secrets
commencent à perdre de leur exclusivité.
Je ne connais que 2 ouvrages très complet sur cette question édité par
Eyrolles mais introuvable .
Le premier a été écrit vers 1935 par André
Tenot , auteur par ailleurs d'une thèse de doctorat sur cette même question à
l'université de Toulouse en 1934 .
Le second plus récent est de Louis Vivien .Il est également épuisé.
Ce qui a permis un progrès définitif, c ' est
le développement de la mécanique des fluides et l'acquisition des notions de
similitude.
La turbine est évidemment bien plus complexe que la roue.
Certes , on sait calculer les triangles des vitesses a l'entrée et à la sortie , mais le long d'une aube , c'est moins simple .
Le
calcul tout le long de cette aube par les théorèmes d'Euler et de Bernoulli en
mouvement relatif , conduisent à des équation dites aux dérivées partielles
qu'on ne savait pas intégrer jusqu'à l'avènement des ordinateurs.
Cette
roue de plus de 2 mètres de hauteur a été mise au point avec un modèle
réduit de 200 mm
Grâce
à eux , on a encore gagné quelques points sur le rendement qui déjà était
élevé.
Car les tracés étaient empiriques en fait , et on était grandement secouru
par les modèles réduits.
Pour comprendre à quoi pouvaient servir ces derniers , il faut passer par la
notion de vitesse spécifique , notion qui elle n'est nullement dépassée ,
bien au contraire car on la retrouve partout en mécanique des fluides et en
aérodynamique.
Avec la roue Pelton représentée sur la figure , on est dans le cas extrême ou
toute l'énergie de l'eau passe par la voie cinétique. Les roues Pelton sont
d'une espèce à part .C'est le principe de la roue en dessous qui est ici
poussé au maximum de ses
possibilités : alors que la roue en dessous avait un rendement de l'ordre de
35% , celui de la roue de Malgovert dépasse 90%
Ces turbines sont activées par l'intermédiaire d'un injecteur qui est un
robinet sans pertes de charge et de haute précision.
Les autres roues sont les Francis et les hélices , dénommées Kaplan du nom
de leur inventeur quand leurs pales sont orientables ce qui est un grand
progrès.
ACTION OU REACTION
Si toute l'énergie de l'eau est convertie en énergie cinétique avant d'entrer
dans la roue , la pression est nulle c.a.d. égale à la pression atmosphérique
: la turbine est à ACTION : Cas des
Pelton
Si au contraire l'eau entre plus lentement dans la roue , la pression à
l'entrée des aubes
sera forte mais il y aura une perte de pression en sortie de roue : la machine est à
REACTION : cas des Francis et hélices
En gros on peut dire qu'en quittant la roue l'eau abandonne sa pression , ce qui
provoque le couple moteur.
Mais il faut observer que l'eau est obligée de quitter la roue à une certaine
vitesse
L'énergie correspondant à cette vitesse est provisoirement perdue
Intuitivement , cette notion de réaction est plus difficile à saisir pour les machines
centripètes que pour les centrifuges (Turbine Fourneyron) mais la construction
de ce dernier type a été abandonné après la découverte de la Francis qui
est centripète.
Les Francis et les hélices ont certain degré de réaction qui dépend de leur
tracé.
Pour plus de détails concernant ces question , voir la page
réservée aux turbines à réction
La notion de vitesse de roue est généralement interprétée
comme suit:
Roue lente : Ns faible
Roue rapide :
Ns élevé
Cette notion n'est pas dans le sens ou on penserait pouvoir
l'entendre :
Les roues lentes , en effet tournent généralement vite
Les
roues rapides tournent généralement lentement
Un exemple nous sera
donné par une roue d'une centrale du Rhin (basse chute), Kembs par
exemple (1932)
Dans cette usine une seule roue a une puissance de 33000 KW sous 15
mètres de chute et un débit de 230 m3/s .
Elle tourne à 93.75 t/min . Le Ns est de
650 .Son diamètre est de 6 mètres .
Les roues d'origine (hélices à pales fixes) ont été progressivement
remplacées par des Kaplan.
Le dessin ci dessous nous montre une roue de ce type , de fabrication très
récente et dont les dimensions sont du même ordre.
Le profil des pales est donné par des calculs hydrodynamiques qui s'apparentent
à ceux des ailes d'avion , l'épaisseur doit tenir compte des efforts
considérables qui s'exercent sur la pale entre l'intrados et l'extrados ,
compte tenu de la différence de pression entre ces 2 surfaces.
On est bien loin de la roue de moulin !!!
l
Dans le
tableau ci dessous qui ne donne que des ordres de grandeur, les appellations
pour la chute (haute , moyenne , ) sont toutes relatives .
(Les
Pelton sont exclues de ce tableau étant donné comme déjà vu leur caractère
particulier)
Toutes ces roues sont précédées d'un distributeur (vannage qui
a pour but de régler le débit et d'orienter la direction de la vitesse de
l'eau sans créer de perte de charge ) .
Pour cette raison les directrices du vannage sont profilées "comme
des ailes d'avion"
En amont
, l'arrivée d'eau est assurée par une bâche spirale ou bien la roue est noyée
dans la chambre d'eau qui est le prolongement (et la fin) du canal d'amenée ,
le distributeur est alors généralement de forme conique .
La roue ci contre est incluse dans une bâche spirale ,
solution adoptée dès que la chute a une certaine
Type de chute | Ns | Roue | Vc entrée % | Vc sortie % | ||
Haute | 100 | Francis | 0.7 | 0.5 | ||
Moyenne | 200 | Francis | 0.77 | 1.00 | ||
Basse | 400 | Francis | 0.8 | 1.25 | ||
Basse | 800 | Hélice | 2.00 |
A la sortie de la roue l'eau n'est pas encore descendue au
niveau du canal de fuite.
Elle est guidée vers ce canal par un tuyau aspirateur .
Celui ci permet de récupérer la hauteur qui semblerait perdue.
L'application du théorème de Bernoulli entre entre le haut et le bas de cet
aspirateur donne la relation suivante :
ps + Hs + v*v/(2*g) =patm + 0 + v*v/(2*g)
ps : pression de l'eau à la sortie de la roue
Hs : hauteur de l'aspirateur
patm =pression atmosphérique =0 car toutes nos pressions snot calculées par
rapport à la pression atmosphérique .
On en déduit ps =-Hs
Si la vitesse de sortie est élevée (hélices) il y a intérêt à récupérer cette
vitesse en améliorant notre tuyau qui s'élargira progressivement selon
une forme qui peut être très élaborée .
Le terme v*v/(2*g) est pratiquement nul car la vitesse finale est très faible.
L'équation ci dessus devient
ps + Hs + v*v/(2*g) =0 et :
ps =-Hs -v*v/(2*g)
La hauteur Hs a une limite théorique de 10. 33 m pour
éviter la création du vide et l'apparition de phénomènes de cavitation très
nuisibles car ils provoquent unre érosion rapide du métal de la roue
En fait la limite de Hs est inférieure à 10. 33 m
Cette limite est propre à chaque installation et dépend de divers facteurs sur
lesquels je ne peux m'étendre ici sans rendre complexe la lecture du texte pour
la majorité des lecteurs
POUSSEE AXIALE
En traversant la roue , l'eau n'exerce pas seulement un couple moteur : elle exerce aussi une poussée dans le sens de la composante axiale de la vitesse à la sortie.
Cette poussée , nuisible, oblige à munir la machine d 'un palier
de butée (crapaudine) dont le graissage devra être surveillé et sa conception
est très élaborée sur les grosses machines.
PARTICULARITES
En montant dos à dos sur le même arbres 2 turbines symétriques , on annule la
poussée axiale , en doublant la puissance.
Cette formule suppose logiquement un axe horizontal
Dans le cas des Peltons , on peut augmenter le nombre d'injecteurs sur une même
roue.
On ne dépasse pas généralement 3 injecteurs , mais on eut aller jusqu'à 6 .
La puissance est multipliée par le nombre d' injecteurs et la vitesse
spécifique par la racine carrée de ce nombre .
GROUPES BULBES
Dans le cas des Kaplan l'eau est déviée à 90°
On a recherché des solutions plus
audacieuses avec un
écoulement axial
Ce mode d'écoulement permet d'installer les machines
"dans le lit de la rivière" supprimant ainsi le bâtiment d'usine
Il en résulte une disposition particulière du distributeur
L'extrait ci joint d'une image montre la disposition adoptée
La roue est la pièce repérée 1
Les roues ont un Ns très élevé (1000 env. et plus)
Les directrices sont repérées 2
L'étude approfondie de ces machines dépasse le cadre de notre projet de site
et n'est citée que pour mémoire
QUELQUES SITES SUR CES MACHINES
Site
on water turbines, en
anglais ce dernier donnant un bon coup d'oeil sur les différents types de roues
Nous vous proposons maintenant d'étudier une roue assez
curieuse:
La turbine Banki